La Comédie-Française au théâtre aux armées Souvenirs du front

La guerre déclarée en 1914 s’enlisait dans un combat de tranchées, dont l’horreur n’avait pas encore ému les Parisiens.
Les théâtres, un temps fermés, avaient rouvert sporadiquement et les spectacles, si patriotiques qu’ils fussent, ne donnaient qu’une lointaine idée de ce qui se passait réellement à deux ou trois cents kilomètres de la capitale. On commença par donner des représentations en hommage, puis au bénéfice de ceux qui étaient engagés dans la bataille. Sur le front même, les soldats organisaient entre eux des soirées récréatives, utilisant, pour l’amusement du plus grand nombre, les talents de quelques-uns de leurs camarades. Emile Fabre, nommé administrateur général de la Comédie-Française en remplacement d’Albert Carré, mobilisé, eut l’idée, se souvenant du Théâtre du Maréchal de Saxe qui, au XVIIIe siècle, divertissait les troupes aux abords des champs de bataille, de créer un Théâtre aux Armées. N’y participeraient que des volontaires, issus de tous les milieux du spectacle ; ils tourneraient dans les cantonnements et les hôpitaux proches du front. Une fois la routine installée, des habitués constituèrent des troupes hétéroclites mais enthousiastes.
Plus de 300 artistes participèrent ainsi à près de 1200 représentations. De nombreux documents témoignent de cette aventure singulière : articles de presse, photographies, dessins, programmes et menus, lettres et poèmes, et surtout les journaux intimes de quelques comédiennes, dans leur émouvante compassion. Ce fonds, d’une richesse extrême et d’une touchante authenticité, mérite, en ces années de commémoration de celle qui fut baptisée « la Grande guerre », d’évoquer, dans un dépaysement total, cette petite épopée qui vit les histrions parisiens risquer leur vie et leur santé pour aller distraire pendant quelques heures ceux qui vivaient l’enfer au quotidien.
Renseignements
Centre Charles Péguy
11, rue du Tabour
45000 Orléans
Tel : 02 38 53 20 23